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Il est un des premiers représentants du mouvement Rococo. Inspiré par la Commedia dell'arte, il aime à représenter le théâtre dans ses tableaux, que ce soit à travers les rideaux lourds ou les thèmes. Ses tableaux les plus célèbres sont un Pierrot et ses deux Pèlerinages à l'île de Cythère.
Une des principales sources de renseignements sur sa vie est la biographie rédigée par son ami le comte de Caylus.
Tout en se livrant à cette besogne insipide moyennant « trois livres par semaine et la soupe tous les jours », Watteau se lie avec un peintre d’Anvers, Jean-Jacques Spoëde, élève de l’Académie royale, et avec Claude Gillot, peintre, dessinateur, graveur, décorateur, d’une verve intarissable et d’une fantaisie originale. « Gillot, ayant vu quelques dessins ou tableaux de Watteau, l’invita à venir demeurer chez lui. » L’accord entre le maître et l’élève, d’humeur également vive, ne fut pas de longue durée. Néanmoins, Watteau conserva toujours pour Gillot une grande reconnaissance, car « c’est chez lui qu’il se débrouilla complètement », dira François-Edmé Gersaint. C’est bien chez Gillot, en effet, qu’il prit le goût des scènes de théâtre, des fantaisies galantes, des arabesques à figurines, des mythologies et des singeries, et qu’il s’enhardit dans ses tendances naturelles à observer sans cesse les réalités environnantes et à jouir, en rêveur délicat, du spectacle de la vie mondaine ou rustique. thumb (Louvre)]]
En 1709, il fut reçu second au Prix de Rome. Trois ans plus tard, en 1712, il postula de nouveau. Cette fois-ci, son oeuvre fut jugée d’une si grande qualité qu’il fut accepté comme membre de plein droit de l’Académie. Mais ce ne fut qu’en 1717, après cinq années de travaux, qu’il présenta son morceau de réception, le fameux Pèlerinage à l’île de Cythère. L’Académie créa un genre spécialement pour lui : la « fête galante ».
thumb (1720), dernier chef d'Å“uvre de Watteau]] L'Enseigne de Gersaint peinte vers la fin de l'année 1720 constitue le dernier chef d'oeuvre de Watteau. Il sort de son cadre pastoral habituel pour se situer en plein Paris, au numéro 35 du Pont Notre-Dame, adresse du nouvel établissement du marchand Gersaint auprès de qui Watteau insista en remerciement de l'hébergement consenti.
Ses amis, parmi lesquels Jean Jullienne, s'alarment de sa négligence concernant son avenir, sa situation financière et son état de santé précaire. En 1719, il choisit de partir à Londres, peut-être pour consulter le docteur Richard Mead, un des médecins les plus réputés de l'époque et un admirateur de l'oeuvre du peintre. Cependant l'air de Londres ne lui est pas d'un grand profit. Watteau retourne en France et passe les derniers mois de sa vie dans la propriété de l'abbé Haranger. Il meurt en 1721, peut-être des suites de la Tuberculose, à l'âge de 37 ans. L'abbé Haranger a raconté que Watteau était à demi conscient et muet durant ses derniers jours, peignant en l'air des figures imaginaires.
Watteau semble dans ses toiles condenser l’esprit de la Régence, alors qu'il ne survécut que six ans à Louis XIV.
Les tableaux de Watteau sont loin de se caractériser uniquement par une frivolité qui serait propre aux « fêtes galantes ». Une mélancolie sobre peut y être observée, un sentiment de la futilité de la vie, une légèreté pleine de grâce. Des peintres comme Nicolas Lancret et Jean-Baptiste Pater essaieront de reproduire ces thèmes mais n'arriveront pas à capturer l'esprit et à rendre cette ambiguité.
Certains critiques d’art ont vu dans ses oeuvres un signe avant-coureur de l’Impressionnisme.
thumb (1717 Louvre). ]]
Au XIXe siècle, son influence devient claire. Dans un poème écrit en 1838, Théophile Gautier évoque l’atmosphère qui se dégage de l’oeuvre de Watteau. Dans sa nouvelle Sylvie publiée pour la première fois dans la Revue des Deux Mondes en 1853, Gérard de Nerval intitule son quatrième chapitre Un Voyage à Cythère. Le narrateur se souvient d'une fête patronale à Senlis et d'une traversée d'un lac dans le goût de Watteau. En 1854, le critique d’art Charles Blanc publie Les Peintres des fêtes galantes, un livre de faible pagination mais à fort tirage. En 1857, Baudelaire consacre un quatrain au peintre dans Les Phares, le mettant au niveau des plus grands maîtres. Les Frères Goncourt s’intéressent à l’artiste en 1860 avec leur étude consacrée à L’art au XVIIIe siècle. Ils voient en Watteau le grand poète du siècle passé. Puis Verlaine publie en 1869 un recueil intitulé Fêtes galantes, inspiré d’évidence par le tableau de réception de Watteau à l’Académie, Pèlerinage à l'île de Cythère.
Au XXe siècle, certaines toiles gagnent en importance. L’Indifférent est de celles-ci. Rilke lui rend hommage dans un de ces poèmes écrits en français. Paul Claudel voit dans le seul personnage de cette huile un « messager de nacre », un « avant-courrier de l’Aurore », dont il compare la démarche à celle du « poète ambigu, inventeur de sa propre prosodie, dont ne sait s’il vole ou s’il marche, son pied, ou cette aile quand il le veut déployée, à aucun élément étranger, que ce soit la terre, ou l’air, ou le feu, ou cette eau pour y nager que l’on appelle éther ! » Dans En lisant, en écrivant, Julien Gracq dit de la Chartreuse de Parme de Stendhal que « les paysages de la Lombardie et des Alpes y ont le flou voluptueux et embrumé des paysages de Watteau ». Philippe Sollers professe une grande admiration pour le peintre et le mentionne dans nombre de ses ouvrages : son roman La Fête à Venise, titre notamment choisi en opposition à la nouvelle de Thomas Mann La Mort à Venise, fait aussi écho au tableau de Watteau Fêtes vénitiennes. Sollers a consacré au peintre une monographie en 1992, parue chez Flammarion : Watteau et les femmes.
Une autre caractéristique de Watteau devait avoir par la suite une grande importance : sa fidélité à lui-même. En effet, comme le note l'historien de l'art britannique Michæl Levey, Watteau « a créé, involontairement, le concept de l'artiste individualiste, loyal à lui-même, et à lui-même seulement ».
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